Caramel, du désir féminin...

Publié le par Melle Bulle


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J'ai revu Caramel, un film de Nadine LABAKI, hier (8 septembre 2009) au soir, lors d'une très agréable soirée (merci Ludo !)... Et à nouveau j'ai été bouleversée par la poésie et la sensibilité de ce film. C'est pourquoi j'ai décidé de vous en parler aujourd'hui et de vous inviter à vous le procurer en DVD ! (pas de téléchargement illégal, hein !)


L'Histoire
A Beyrouth (Liban), cinq femmes se croisent régulièrement dans un institut de beauté, microcosme coloré et sensuel où plusieurs générations se rencontrent, se parlent et se confient.
Layale aime Rabih, mais Rabih est marié. Nisrine est musulmane et son mariage prochain pose problème: elle n'est plus vierge. Rima est tourmentée par son attirance pour les femmes et vit au rythme des visites d'une belle cliente aux cheveux longs. Jamale refuse de vieillir. Rose a sacrifié sa vie pour s'occuper de sa soeur âgée.
Au salon, les hommes, le sexe et la maternité sont au coeur de leurs conversations intimes et libérées, entre coupes de cheveux et épilation au caramel.

Derrière la porte...
Beaucoup de scènes sont filmées derrirèe une porte, comme si le spectateur venait espionner les personnages d'un regard curieux. Par l’entrebâillement des portes, par les fenêtres ouvertes ou closes que filme la jeune réalisatrice, sur fond de lumière caramélisée et de musique signée Khaled Mouzannar, l’ambiance d’un Beyrouth cosmopolite et oriental, coloré et kitsch, chaleureux et troublant y est reproduite. Le spectateur devient soudain voyeur et acteur. « J’ai voulu un film réaliste, dit Nadine Labaki, non une fiction, où l’on sent à la fois qu’on épie la vie des autres et qu’on la vit. »

Des femmes au Liban

Si les héroïnes de "Caramel" travaillent, s’habillent et se maquillent à l’occidentale, elles n’en doivent pas moins respecter des tabous encore prégnants au Liban, tels que l’homosexualité ou la sexualité avant le mariage.

Se faire recoudre l’hymen avant les noces est une pratique "très représentative de la société libanaise", laquelle a tendance à "toujours privilégier l’apparence, avec la peur de ne pas correspondre au modèle", estime Nadine Labaki. "Chez les musulmans comme chez les chrétiens, la virginité reste une valeur", soulignait-elle à Cannes.

Tantôt léger et tantôt grave, le film est empreint du regard humaniste et tendre posé par sa réalisatrice sur les femmes de son pays, généreuses et volontaires, et capables de s’entraider dans les coups durs.

La réalisatrice, elle même, dans le dossier de presse, en rajoute une couche : «Nous sommes un pays très extraverti, la femme libanaise s'est créé sa propre échelle de beauté qui ne ressemble à aucune autre au monde. On veut ressembler à la femme occidentale, mais avec nos propres critères, qui ne sont pas des plus discrets.» Entre deux liposuccions et trois couleurs, son film montre une ville où l'on se regarde autant qu'on se juge. Et Dieu sait s'il y a beaucoup de désirs et de contradictions à lire dans les yeux de ceux qui, durant quinze ans de guerre civile, se sont regardés en chien de faïence.

Selon la cinéaste, Caramel porte "un message : en dépit de l’opposition entre les différentes religions, réactivées par la guerre, la cohabitation et la coexistence sont naturelle". « L’image de la femme libanaise m’a toujours fascinée, avoue Nadine Labaki. C’est parce qu’elle ne parvient pas à trouver son équilibre ou qu’elle craint le regard des autres qu’elle tombe souvent dans les excès. Les contradictions qui l’animent et les mille questionnements qu’elle affronte et qui sont un véritable obstacle à son épanouissement m’intriguaient. Moi-même, qui me considère comme une femme libérée, me trouve souvent confrontée au lourd poids de notre double culture. C’est à partir de cette idée maîtresse que j’ai voulu construire ma première œuvre. Une sorte d’hommage à la femme libanaise. »

 

Le Beyrouth de

Nadine LABAKI

La capitale libanaise est associée ici à des images de vie et lumière. L'oeuvre a tout du film piégé : ça avance vers vous l'air de rien, en jouant les modestes, petite friandise de rien du tout, mais à la sortie, vous réalisez qu'un film vous a glissé à l'oreille quelques trucs salés sur la société qui l'entoure. En l'occurrence, toute une société civile libanaise, moderne, mixte (fille/garçon, chrétiens/musulmans), relativement libre, totalement contradictoire (la religion contre la sensualité à tout crin), merveilleusement déboussolée (et menacée).

 

Nadine LABAKI, actrice et réalisatrice

Bien écrit et filmé avec sensibilité, ce premier film de Nadine Labaki, 33 ans - qui interprète avec grâce le rôle de Layale -, fait affleurer les contradictions de la vie des femmes libanaises.

Formée à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, dont elle est diplômée en études audiovisuelles, Nadine Labaki a réalisé un court-métrage "11 rue Pasteur", ainsi que des publicités et des clips musicaux pour de célèbres chanteuses du Moyen-Orient, avant de tourner "Caramel".

 

Encore merci pour le caramel...

 




Publié dans Culture & cie

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